Mar 17, 2025
Francis Cabrel, un grand guitariste ?
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Une soirée tranquille, un verre posé sur la table, une lumière tamisée… et quelques accords qui résonnent doucement dans l’air. Peut-être Je l’aime à mourir, peut-être Petite Marie. Dès les premières notes, impossible de ne pas reconnaître la signature sonore de Francis Cabrel.
Mais derrière ces mélodies intemporelles et cette voix douce, se cache-t-il un grand guitariste ? Ou est-il avant tout un auteur-compositeur à la plume aiguisée, qui accompagne simplement ses textes à la guitare ?
La question peut diviser. Car si certains le voient comme un guitariste d’accompagnement sans éclats, d’autres louent la finesse et la musicalité de son jeu. Alors, Francis Cabrel mérite-t-il qu’on le considère comme un grand guitariste ? Plongeons dans son univers musical pour tenter de répondre à cette question.
Cabrel, c’est d’abord un artiste de la chanson, un conteur d’histoires qui sait capturer les émotions en quelques vers. Mais il ne faut pas sous-estimer son jeu de guitare :
Des harmonies riches et naturelles : Il utilise des accords enrichis et des progressions qui rendent ses morceaux immédiatement reconnaissables. Par exemple, dans La Corrida, il joue avec des accords suspendus et des enchaînements subtils qui donnent une tension dramatique au morceau, renforçant ainsi l’histoire qu’il raconte.
Un sens du rythme impeccable : Son jeu en arpèges est précis, fluide et soutient parfaitement ses mélodies. On le ressent particulièrement dans L’encre de tes yeux, où la guitare crée une douce pulsation qui fait vivre chaque phrase chantée.
Des influences variées : Il puise dans le folk, le blues, et la musique latine, ce qui donne à son jeu un caractère à la fois chaleureux et subtil. Octobre, par exemple, illustre parfaitement son inspiration folk avec des arpèges délicats et une ambiance feutrée qui rappelle les ballades américaines.
Cabrel ne cherche pas la démonstration technique. Sa guitare n’est pas là pour en mettre plein la vue, mais pour servir l’émotion et l’histoire.
S’il y a bien un aspect du jeu de Francis Cabrel qui impressionne, c’est sa main droite. Ses arpèges et son jeu au fingerpicking sont d’une fluidité et d’une propreté remarquables.
Prenons un morceau comme Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai : sa ligne d’arpèges délicate et répétitive donne toute la profondeur à la chanson. Ce n’est pas juste une guitare qui accompagne, c’est l’essence même du morceau.
Autre exemple, La Corrida, où il mélange une rythmique hispanisante et des arpèges subtils qui rappellent le flamenco. Ce n’est pas de la guitare purement virtuose, mais il faut une grande maîtrise du toucher et du rythme pour donner cette profondeur à la chanson.
Son approche fingerstyle et son groove naturel sont des éléments qui demandent un vrai talent de guitariste, bien plus qu’on ne le croit au premier abord.
Cabrel ne sort pas de nulle part. Son jeu de guitare s’inscrit dans une lignée de musiciens qui ont marqué le folk et le blues :
Bob Dylan : Pour l’accompagnement épuré, la guitare qui soutient des textes forts.
James Taylor : Pour les arpèges délicats et la douceur du picking.
Bossa nova et flamenco : Certaines de ses rythmiques rappellent les sonorités sud-américaines, notamment dans des morceaux comme Octobre.
On pourrait aussi voir des similitudes avec des artistes comme Paul Simon ou Mark Knopfler, qui ont fait de la guitare une extension naturelle de leur écriture.
Francis Cabrel ne fait pas de solos épiques. Il ne cherche pas la vitesse ou la démonstration technique. Mais est-ce que cela signifie qu’il n’est pas un grand guitariste ?
Pas du tout. Sa force, c’est son jeu subtil et expressif, qui prouve qu’un guitariste peut marquer les esprits sans chercher la virtuosité absolue. Son picking précis, son sens des nuances et sa maîtrise du rythme en font un musicien redoutable dans son registre.
Il n’a pas besoin de shredder pour captiver une audience. Son jeu est à son image : sincère, intime et indémodable.
Et si tu penses qu’il n’a pas de technique, essaie donc de jouer C’était l’hiver avec la même intensité et la même finesse. Pas si simple, hein ?
Si on juge un guitariste par sa capacité à être immédiatement reconnaissable, alors Francis Cabrel est sans aucun doute un grand guitariste. Son jeu a une identité forte, une patte qui le distingue instantanément.
Il n’est pas du genre à copier les autres, et même si ses influences sont nombreuses, il a su créer un son bien à lui. Dès qu’il gratte un accord, on sait que c’est lui. Et ça, c’est quelque chose que peu de guitaristes peuvent revendiquer.
La question de savoir si Francis Cabrel est un "grand" guitariste peut prêter à débat. Pour certains, un grand guitariste doit être technique, rapide, impressionnant. Pour d’autres, un grand guitariste est celui qui fait sonner chaque note avec sincérité et émotion.
Cabrel appartient sans aucun doute à cette deuxième catégorie. Il est un guitariste d’atmosphère, un musicien qui sait donner une âme et une profondeur à son jeu, sans jamais chercher à en faire trop.
Alors, oui, Francis Cabrel est un grand guitariste, mais à sa manière. Pas dans la démonstration, pas dans la virtuosité pure, mais dans cette capacité rare à faire vibrer l’auditeur avec quelques notes bien choisies. Et c’est peut-être ça, le vrai génie d’un musicien.
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