Génie pour les uns, ringard pour les autres, bad boy pour d’autres encore… Une chose est sûre, George Brassens n’est pas de ces artistes qui laissent indifférent.
Et pour cause : avec une carrière musicale de presque 35 ans et des titres tout aussi légendaires que sa moustache, le poète français déchaîne encore aujourd’hui les passions parmi toutes les générations.
Mais ce qui nous intéresse tout particulièrement ici, c’est bien sûr son rapport à son instrument fétiche : la guitare. Car tout poète et chanteur qu’il était, Brassens ne se séparait jamais de sa bonne vieille guitare sèche pour accompagner ses textes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que s' il n’est pas connu pour ses prouesses techniques, son jeu à la guitare pourrait pourtant cacher quelques secrets. Alors Georges Brassens, un grand guitariste ? Découvrons cela ensemble !
Cancre à l’esprit rebelle, mais aussi passionné de poésie, la vie de Georges Brassens est plus mouvementée que certains pourraient le croire. Une vie qui a inspiré ses chansons les plus célèbres mais également sa manière de jouer de la guitare.
Né le 22 Octobre 1921 à Cette (oui, on n’écrira Sète avec un “S” qu’à partir de 1928 !) d’un père maçon et d’une mère immigrée Italienne, Georges Brassens se distingue plus par son caractère de cancre que par ses chansons. Pourtant à l’adolescence, il prend goût à la poésie, encouragé par son professeur de français d’alors. Loin d’être un prodige naturel, il va pourtant persévérer, noircissant des pages entières de vers de moins en moins maladroits, dévorant les poèmes de Baudelaire, Verlaine, Hugo ou Villon.
Après la seconde mondiale et un passage aux usines BMW en Allemagne, contraint par le gouvernement de Vichy, il décide enfin de poser ses poèmes en chansons, dont certains des ses toutes premières deviendront pourtant ses plus célèbres.
Adulé de son vivant comme après sa mort, il se produira sur scène jusqu’en 1977, contraint de prendre du repos à cause d’un cancer de l’intestin. Il continuera néanmoins de composer poèmes et chansons jusqu’à son décès en Octobre 1981, quelques jours après son soixantième anniversaire.
Les titres des chansons de Georges Brassens se reconnaissent au premier coup d'œil, car ce sont avant tout des poèmes : Souvent imagés, voire naïfs, avec cette saveur vintage propre aux chanteurs à textes du 20ème siècle.
C’est à ses début, durant la fin des années 1940 et le début des années 1950 qu’il écrira quelques-uns de ses morceaux les plus célèbres, comme “Le Parapluie”, “Le Gorille” ou encore la “Chanson pour l'Auvergnat” dont tout le monde a au moins un couplet en tête !
Ces chansons, interprétées la plupart du temps sur un tempo lent, posées par la voix caverneuse de Brassens, étaient accompagnées par des airs de guitares Folk métalliques et entraînants. Proche des airs que l’on pourrait rencontrer au sein de bals populaires. Mais si ces accompagnements à la guitare peuvent, au premier abord, paraître simples, voire simplistes et à la portée de n’importe quel débutant, soyez bien sûrs qu’il n’en est rien !
Difficile d’avoir des certitudes à ce sujet, mais le rapport de Georges Brassens avec la guitare semblait être (du moins au début) utilitaire : Il avait besoin d’un instrument pour accompagner ses poèmes en chanson, et il s’est d’abord servi des premières guitares sur lesquelles il a pu mettre la main. Si cela n’a, par la suite, probablement plus été le cas, ça a sans aucun doute pu façonner la façon qu’il avait d’appréhender cet instrument.
Les puristes de Georges Brassens auront déjà crié à l’hérésie en lisant un peu plus haut que ce dernier jouait sur une guitariste Folk. En effet, ce n’est pas tout à fait vrai, mais pas non plus tout à fait faux ! La vérité est que Brassens jouait sur une guitare acoustique classique (bien que d’une forme plus ronde et large que la normale), une guitare traditionnellement montée avec des cordes en nylon, adaptées à ce type de guitare.
Pourtant, le chanteur et musicien avait pour habitude d’utiliser uniquement des cordes métalliques, à la manière d’une guitare Folk (n’hésitez pas à venir découvrir les différents types de cordes dans cet autre article). Cette guitare un poil singulière, parfois appelée “guitare manouche” était ainsi son instrument de prédilection.
Pourquoi ce choix particulier ? Car le son très scintillant des cordes métalliques montées sur sa guitare classique accompagnait particulièrement la voix grave et les textes poétiques de Brassens, mais également car il avait pris l’habitude de ce type de guitare dès ses débuts.
Le luthier Jean-Pierre Favino, à qui Georges Brassens commandait ses guitares, a ainsi déclaré que le chanteur avait simplement dû mettre la main sur une vieille guitare manouche et s’en était servi pour chanter ses premiers textes, avant d’y prendre finalement goût et d’affiner sa technique.
Eh bien oui ! Derrière ces quelques accords répétés en rythme sur des chansons aux tempos lents en apparence, il y a pourtant un style propre à Georges Brassens, et sur lequel de nombreux guitaristes se cassent encore les dents.
À mi-chemin entre jazz manouche et blues, auxquels s’ajoutaient des sonorités rappelant les valses traditionnelles, le chanteur et musicien était un grand adepte du jeu “à la pompe” (typique du jazz manouche). Ce type de jeu favorise un motif rythmique régulier et percussif, en utilisant un mouvement de va-et-vient de la main. En outre, Brassens jouait beaucoup avec des barrés et des cordes pincées, n’ayant pas peur de se “balader” très loin sur le manche.
Brassens aimait aussi beaucoup alterner à la fois des rythmes binaires et ternaires au sein d’un seul et même morceau. “Le temps ne fait rien à l’affaire” ou “La mauvaise réputation” en sont un bon exemple, avec des couplets ternaires et des refrains binaires. Si ce changement de rythme peut s’avérer discret à l’écoute, il est également exigeant à jouer lorsqu’on en a pas l’habitude (essayez donc de jouer “Fernande” sans échauffement, vous allez comprendre l’idée !).
Oui pour certains, car ses accords entraînants ont su ravir de nombreuses générations durant et longtemps après une longue carrière. Non pour d'autres, qui jugeront son style comme trop basique…
La vérité est que Georges Brassens a développé, tout au long de sa carrière, sa propre manière de jouer, de manière à accompagner au mieux ces poèmes chantés. Le tout à partir d’une guitare sèche de style manouche bien peu courante. Cette spécificité du jeu à la guitare de Brassens rend donc ce dernier très reconnaissable et, surtout, bien plus compliqué à jouer qu’il n’y paraît, car inhabituel du fait notamment de ses changements de rythmes fréquents et de ses barrés exigeants.
Ainsi, si l’on considère qu'adopter et perfectionner une façon de jouer unique, dans le but d'accompagner un univers musical tout aussi unique est une chose remarquable, alors oui, Georges Brassens s’apparente bel est bien à un grand guitariste. Ou, tout du moins, à un grand artiste !
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